Parcours d'interprétation Thines et son rocher

Quand le bâti raconte la géologie.

L’église est une belle illustration de la géologie locale. Elle est essentiellement réalisée en pierre de taille de granite gris sur un soubassement de schiste. La particularité de cette architecture romane est sa riche bichromie de grès rouges et beiges particulièrement marquante au niveau de l'abside (ouvertures, colonnes et arcatures) et du chœur. Enfin, les sculptures qui surmontent la porte d’entrée et dominent l’escalier monumental sont finement ciselées dans des blocs de calcaire dont on ne connaît pas l’origine. Quatre roches différentes, pour une seule église !

Le 17 juillet 1943, venu de la région des Baronnies dans le sud de la Drôme, un groupe de huit jeunes résistants Francs Tireurs Partisans s’installe dans la commune de Thines, dans une maison du
village de Tastevin. Sa mission est de recevoir un parachutage qui doit avoir lieu le 10 août sur le plateau de Montselgues.
Le matin du 4 août, la maison est cernée par les soldats allemands. Ils ont été conduits par un officier de la Gestapo. Les soldats ordonnent aux maquisards de se rendre ; mais leur réponse
est une rafale de mitraillette. Dès lors la maison est mitraillée à son tour ; dans la confusion, les militaires fusillent ensuite trois habitants.
Un seul maquisard parvient, bien que blessé, à se cacher dans un roncier dont il s’enfuit deux jours après.
Dans ce massacre, outre les pertes allemandes, six
maquisards et trois villageois ont été tués.
Le maquis de Thines, davantage organisé comme une opération ponctuelle que comme un cantonnement à demeure, devient alors « la première bataille dans l’Ardèche », le premier
maquis de la Résistance ardéchoise.

À la Libération, le Comité National de la Résistance fait organiser un concours pour ériger un monument à la mémoire des Résistants et des victimes du massacre. C’est le peintre et sculpteur
Marcel Bacconnier qui emporte le concours. Il s’installe sur le Rocher de Thines et sculpte dans le grès de la région l’histoire des événements du 4 août 1943. Il raconte comment il a conçu son
oeuvre, comme une manière de dire, sept cents ans après l’achèvement de l’église romane qui définissait une relation de l’homme au sacré, comment pouvait s’écrire après les moments terribles de la Seconde Guerre mondiale, cette nouvelle relation vers
un monde apaisé et vers une réconciliation avec la nature.

C’est en évoquant le premier poème de Paul Éluard dans Le rendez-vous allemand que s’est construit son travail de sculpture.
Son message est à lire comme, au Moyen-âge, on pouvait lire ce que racontaient les êtres gravés dans la pierre par les imagiers, qui est une invitation à marcher vers la lumière.

Thines se situe au coeur des Cévennes ardéchoises sur la bordure orientale du Massif central. Le hameau est construit sur des schistes, plus anciennes roches observables du Géoparc des Monts d’Ardèche. Ils sont issus de la transformation de sédiments gréso-argileux qui se sont
déposés entre - 550 et - 450 Ma (millions d’années) dans une mer bordière occupant les marges d’un immense continent.

Dans la vallée et sur les plateaux alentours sont aussi observables des micaschistes et quartzites, des granites et des grès. Dernière roche du paysage, les filons hydrothermaux sont constitués de quartz et barytine riches en blende et galène, voire en plomb argentifère.

Si les maisons à Thines ont su tirer parti de la richesse géologique locale, c’est l’église qui utilise la plus grande variété de matériaux : schistes
pour les fondations, granite et grès dans le parement des murs, micaschistes pour la toiture ; enfin le calcaire est utilisé pour les statues et
quelques chapiteaux à l’extérieur.